Les ouvrages ayant appartenu à Digby qui sont aujourd'hui conservés dans les collections de la Réserve à la BIS témoignent de son éclectisme, de l'étendue et de la profondeur de ses intérêts, de ses goûts de bibliophile, mais aussi de l’attention qu’il porte à l’actualité intellectuelle et aux travaux d'érudition de son temps. Ils révèlent aussi les liens personnels qu’il a tissés avec les auteurs, savants et penseurs contemporains.
Le portrait forcément lacunaire qui se dessine est bien plus que celui d'un honnête homme : c'est celui d'un érudit polyglotte à la culture encyclopédique qui s'esquisse. Y sont représentées principalement six langues : latin et grec, français, italien, anglais et espagnol ; mais certains ouvrages sont en hébreu. Les imposants in-folios des classiques de l'antiquité et des travaux d'humanistes, souvent reliés en maroquin ou en veau blond à ses armes, et représentant à peu près tous les domaines du savoir — commentaires sur les auteurs latins et grecs, histoire, géographie, astronomie, mathématiques, philosophie naturelle, médecine, philosophie morale, théologie, métaphysique, polémique, rhétorique, littérature — cohabitent avec d'élégants in-octavos, notamment ceux de ses contemporains écrivant en langue vernaculaire, et dont certains sont des connaissances directes ou des amis de Digby.
Le gotha des lettres et de la philosophie de la première moitié et du milieu du XVIIe siècle s'y trouve réuni, notamment Galilée (1564-1642), Descartes et Hobbes, dont la BIS conserve plusieurs éditions originales revêtues de reliures aux armes de Digby. L'érudition et le savoir les plus académiques cohabitent avec l'occultisme et l'alchimie. La théologie et les ouvrages de polémique religieuse sont légion. Plusieurs traités de mathématiques, de géométrie et d'astronomie semblent témoigner d'un intérêt particulier pour ces disciplines. Enfin, quelques rares livres témoignent encore du goût de Digby pour la littérature et les beaux livres.
Si cette sélection d'ouvrages est assez largement le fruit aléatoire des acquisitions, elle témoigne de l'œcuménisme et de l'éclectisme d'un penseur en mouvement. Consulter les ouvrages de Digby tels que le hasard des saisies révolutionnaires les a rassemblés ici, c'est donc apercevoir les contours d'un champ du savoir extrêmement vaste, quasi-encyclopédique. C'est aussi arpenter la République des Lettres du mitan du XVIIe siècle et entrer dans les liens vivants tissés entre les hommes au gré de visites, d'échanges épistolaires ou d'envois de livres ou de manuscrits. La présence de plusieurs ouvrages dédiés à Digby par leurs auteurs dans les collections témoigne ainsi de la considération dont il jouit dans le milieu lettré. On ne peut espérer ici offrir, à titre d'exemples, que quelques aperçus de l'engagement de Digby dans l'actualité intellectuelle et scientifique de son temps et de son discernement, qui lui permit de sélectionner des ouvrages marquants pour sa bibliothèque.
