Les mille et une mains de la postérité ovidienne
Les Métamorphoses d’Ovide forment un étonnant poème, une histoire mythologique universelle, qui va de la création du monde jusqu’à la naissance du poète (en 43 av. J.-C.). Elles content au passage quelque deux cent cinquante histoires de métamorphoses légendaires, de dieux amoureux changés en animaux insolites, de nymphes ou de jeunes gens devenus arbres et fleurs, d’artistes punis pour leur impiété et leur talent, qui n’ont cessé d’inspirer les écrivains et les artistes de toute époque.
Pourtant, dans une lettre des Tristes (I,7), Ovide exilé déplore que le poème des Métamorphoses soit resté inachevé : les ultimes corrections, affirme-t-il, ont été empêchées par l’annonce brutale de l’exil. Ainsi écrit-il :
Nec tamen illa legi potuerunt patienter ab ullo,
Nesciet his summam si quis abesse manum ;
Ablatum mediis opus est incudibus illud
Defuit et scriptis ultima lima meis
« On ne pourra cependant pas les lire sans s’irriter si on ignore que je n’y ai pas mis la dernière main ; ils étaient encore sur l’enclume lorsqu’on me les a enlevés et le dernier coup de lime a manqué à mes écrits. »
(Traduction de Jacques André)

Cet apparent aveu d’imperfection en appelle à la bienveillance du lecteur, mais surtout à son imagination puisqu’il est invité à suppléer aux éventuels défauts des Métamorphoses, à imaginer ce qu’aurait été cette « dernière main ». Sous la plume de celui qui a, lui-même, tant réécrit ses prédécesseurs, cet appel à la dernière main est bien sûr aussi un appel à l’avenir et à la postérité : une postérité toute ovidienne, faite de transmission fidèle, mais aussi de continuation poétique, de remaniements, de réécritures et de commentaires.

Ce sont quelques-unes des petites et grandes mains de la postérité ovidienne, tout récemment marquée par la belle traduction de Marie Cosnay, invitée de la BIS le 15 mai 2018 dans le cadre de la manifestation « Le livre en question » (voir sa lecture ou écouter le podcast), que cette exposition souhaite faire entrevoir, en valorisant particulièrement le fonds ancien de la BIS et la réception contemporaine. On y croisera, dans l’ordre qu’on voudra, un manuscrit du XVe siècle, des Ovide moralisé, des enseignements plus ou moins pudibonds, l’histoire d’un graveur lyonnais, des traductions en tous genres, des Princes, et un peu de licence.

Un manuscrit des Métamorphoses

La BIS conserve un manuscrit des Métamorphoses en latin, daté du XVe siècle et provenant sans doute d’Italie du Nord.

Ovide moralisé

Ces réécritures proposent des interprétations allégoriques et chrétiennes des Métamorphoses, lieu de savoir, de sagesse morale et d’édification.

Bernard Salomon et la fortune des Ovide illustrés

Ce graveur du XVIe siècle a popularisé une traduction d'Ovide en images qui a été imitée par d’autres artistes.

Traductions en tous genres

Dès le Moyen Âge, les Métamorphoses ont fait l’objet de traductions, mais aussi de diverses adaptations, modulations et autres ajouts...

Ovide enseigné

De l’humanisme à nos jours, l’œuvre s’est prêtée à des commentaires savants mais aussi à des utilisations pédagogiques.

Le poète et les princes

Malgré l’irrévérence du poète et sa condamnation à l'exil par Auguste, le poème d’Ovide a été par la suite plutôt bien reçu à la cour des puissants.

Ovide licencieux

L’image licencieuse de l’auteur des Métamorphoses a parfois été dépassée par sa réception ultérieure.