Un exemple de carte itinéraire

Les plus anciennes cartes itinéraires japonaises, ou Dochuzu, remontent au XVIIe siècle et suivent divers modèles durant la période d'Edo. Certaines adoptent une forme diagrammatique pour représenter les principaux axes de circulation terrestre de l'archipel, dont les célèbres Gokaidō conçues et développées au cours du shogunat Tokugawa. Longues de plusieurs centaines de kilomètres, ces cinq routes majeures, partant de la ville d'Edo sont jalonnées de stations (shukuba) comportant auberges, postes de contrôle et relais de chevaux. Achevé dès 1624, le Tōkaidō, qui relie Edo à Kyōto, est la plus importante et la plus fréquentée d'entre elles : représentant une distance totale d'environ 500 km, longeant par endroits le littoral, la « route de la mer de l'Est », et ses cinquante-trois étapes, a inspiré de nombreux maîtres de l'estampe (Hokusai, Hiroshige).

La carte nommée Nihon Dochuzu, dont un exemplaire datant probablement du milieu du XIXe siècle, est conservé à la BIS, mesure près de huit mètres de long et montre l'organisation des itinéraires, voies et chemins destinés au transport rapide des hommes et des marchandises entre les différentes provinces. Elle indique de nombreuses stations de repos et des relais pour la commodité du voyage.

Elle traduit de manière spectaculaire ce maillage routier, structuré selon une réglementation et des normes strictes, qui, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, a contribué au renforcement du pouvoir politique du shogun, lui permettant à la fois d'affermir son contrôle du territoire et d'asseoir le système du sankin-kōtai : ce dernier contraignait les seigneurs féodaux (daimyō) à résider à Edo plusieurs mois par an et à laisser sur place leur famille lors des séjours dans leur fief.

Alors que son extrémité droite est occupée par une carte générale du Japon, l'extrémité gauche de la carte figure la partie sud de l'archipel (île de Kyūshū) et la péninsule coréenne, dont la colonisation par le Japon débutera une cinquantaine d'années plus tard.